Les premiers gendarmes qui apparaissaient dans une colonie étaient les militaires de l’arme qui, normalement affectés dans diverses unités de la métropole, étaient désignés pour servir soit dans le cadre de la prévôté c’est-à-dire dans l’accompagnement des troupes qui en faisait la conquête, soit à la demande des gouverneurs des colonies, soit dans celui de leurs attributions ordinaires. Les gendarmes affectés aux prévôtés retrouvaient leur rôle de sécurisation et de protection des populations lorsque l’état de guerre était levé. Ceux qui étaient affectés à la demande des gouverneurs ne l’étaient qu’au terme d’un long processus de colonisation, c’est-à-dire lorsque le pays était entièrement entre les mains de l’administration Française. Jusqu’à cette étape, les gouverneurs s’appuyaient sur les forces militaires ou des milices qu’ils recrutaient parmi les colons et les natifs du pays.
Les premiers éléments de ces petites unités qui prirent le nom de détachement furent des cavaliers de la maréchaussée. On voit ces petites unités uniquement à Saint-Domingue, la Martinique et la Guadeloupe. Ces troupes ne venaient pas de métropole, mais étaient recrutées sur place parmi les troupes régulières et les milices. Leur statut de maréchaussée tenait plus de leur indépendance vis-à-vis des autres corps et au travail qui leur était assigné semblable à celui des compagnies de maréchaussée en métropole. L’importance de ces détachements variait en fonction des populations et des terres conquises. Suivant les circonstances et les budgets des colonies, l’effectif des différentes unités coloniales fut augmenté ou diminué. Ainsi, concernant l’administration générale de la colonie de la Martinique, Louis XV dans une Ordonnance du 20 octobre 1763 créa une maréchaussée commandée par un prévôt général qu’il plaça sous les ordres du gouverneur de l’île. L’entretien de cette troupe s’étant révélée trop coûteuse pour la colonie, elle fut supprimée par une ordonnance du 7 août 1765 pour être remplacée par une milice constituée d’archers commandée par un brigadier et deux sous-brigadiers.
La maréchaussée de l’île de
Saint-Domingue avait été constitué en mars 1721*. Pour être
parfaitement visible, on lui enjoigna quelques mois plus tard de porter
une bandoulière bleue parsemé de fleurs de lys jaunes**. Elle fut
reconnue comme telle par
l’Assemblée nationale qui confirma dans un décret du 15 juin 1791 que
cette colonie faisait partie de l’empire français. À
cette occasion, ce texte institua pour l’île une force publique
composée de la garde nationale, de l’armée de ligne et de la
gendarmerie nationale. Cette dernière étant établie à la place de la
maréchaussée de la colonie qui était supprimée. La force de ce corps
fut provisoirement fixée entre 400 et 700 hommes, composée en partie
d’hommes à cheval et en partie d’hommes à pied. La multitude de
conflits dont ce territoire fut l’enjeu aboutira à son indépendance le
1 er
janvier 1804. La colonie française de Saint-Domingue devint Haïti.
Dans le développement que nous vous proposons sur les tenues portées par les gendarmes coloniaux, nous n’indiquerons que les colonies et les dates auxquelles ces unités furent mises en place par les différents gouvernements. Cette gendarmerie coloniale fut rattachée à différent ministère, dont celui de la Marine, des Colonies, de la Guerre.
* Sous l'autorité du marquis de Sorel, gouverneur et Lieutenant-général des Îles sous le vents de l'Amérique et de Jean-Baptiste Duclos, ordonnateur de l'île de Saint-Domingue, il fut créé par ordonnance du 27 mars 1721 une compagnie de maréchaussée à l'effectif de 75 hommes. Elle était composée de : 1 prévôt-capitaine, 1 lieutenant, 1 enseigne ou exempt, 3 brigadiers, 3 brigadiers adjoints et 66 archers.
**Ordonnance du 10 octobre 1721 :
Art Ier Nous ordonnons à tous les Archers de la Maréchaussée de se
faire faire incessamment et à leurs frais une bandoulière bleue
parsemée de fleurs de lis jaunes et ce pour les faire reconnoître et
afin qu'ils ne puissent point rejetter sur d'autres les désordres dont
ils pourront être capables. ( Loix et Constitutions des Colonies
Françoises )
Accès direct :
Consulat |
Louis XVIII |
Charles X |
Louis-Philippe Ier |
IIe République |
Napoléon II |
IIIe République |
Avec l'arrêté du 12 thermidor an IX (31 juillet 1801), le Premier Consul donne à la gendarmerie une nouvelle organisation.
L'arme est divisée en 26 légions ; chaque
légion est
formée de deux escadrons et chaque
escadron de deux compagnies, une compagnie par département(1).
Six compagnies
supplémentaires chargées de la police des ports et arsenaux maritimes
sont réparties entre les légions qui
renferment dans leur arrondissement de grands ports et des arsenaux
maritimes.
Ces légions comprennent 1 750 brigades à cheval et 750 à pied ; chaque
brigade est à l'effectif d'un sous-officier et de cinq gendarmes.
L'effectif total de la gendarmerie s'élève alors à 15 336 hommes,
officiers compris.
Les officiers (chef de légion, chef d'escadron, capitaine, lieutenant
et sous-lieutenant) sont pris parmi ceux de la gendarmerie en
activité et parmi ceux des corps de l'armée d'un grade supérieur ou au
moins égal. Pour être admis dans la gendarmerie, les hommes de troupe
doivent
avoir fait quatre campagnes au moins depuis la Révolution.
L'arrêté du 12 thermidor an IX (31 juillet
1801) crée
également une
compagnie spéciale, forte de 600 hommes, désignée sous le nom de gendarmerie d'élite et commandée
par
un aide de camp du Premier Consul. Elle était chargée de veiller
continuellement sur le chef de l'État pendant ses voyages et aux armées
; de plus, elle devait assurer le maintien de l'ordre dans Paris ou
dans les lieux où résidait le gouvernement.
Le commandant de cette
compagnie ne recevait les ordres que du Premier Consul.
(1)
Excepté en Corse, où il y avait 2 compagnies par
département, et dans la 19e légion où la gendarmerie du
département du
Mont-Terrible avait été fondue avec la compagnie du Haut-Rhin.
Loi du 29 floréal
an X (19 mai 1802), création de la Légion d'honneur pour
récompenser les services militaires et civils.
AN
XI (1802)
|
la martinique En 1716, par arrêté du gouverneur le général
Duquesne, une compagnie d’hommes en arme est constituée pour assurer la
sécurité publique sur l’île. Successivement diminuée et augmentée elle
sera maintenue jusqu’à la constitution d’une compagnie de gendarmerie
créée par l’ordonnance du 25 frimaire an XI (16 décembre 1802). Forte
de 94 hommes, elle était composée d’un major, 2 capitaines, 2
lieutenants, 1 quartier-maître, 5 brigadiers et 83 gendarmes. |
AN
XI (1803)
|
la LOUISIANE Le
13 floréal an XI (3 mai 1803), le Premier
Consul de la République Française Napoléon Bonaparte vend aux
Américains la Louisiane pour 5 millions de dollars plus 10 millions de
dollars pour La Nouvelle-Orléans. |
1816
|
saint-pierre et miquelon Les îles Saint-Pierre et Miquelon occupées par la France depuis le début du 17e siècle firent l’objet de nombreuses batailles avec l’Angleterre. Plusieurs fois enlevées à la France par les Anglais, elles lui seront définitivement rendues par le traité de Paris le 30 mai 1814. Petit à petit les habitants qui s’étaient réfugiés en métropole revinrent et avec eux le personnel d’administration, de justice, de santé, d’éducation et une modeste force militaire dont un détachement de gendarmerie à pied composée d’un maréchal des logis, de deux brigadiers et quatorze gendarmes. |
1823
|
la guadeloupe Malgré
les décrets des 15 juin et 10 juillet 1791, relatifs au régime colonial
supprimant les milices et autres corps de police mis en place par le
gouverneur de l’île pour être remplacés par la gendarmerie nationale,
ce n’est qu’en décembre 1823 que l’on vit débarquer à Basse-Terre une
compagnie de gendarmes à pied et à cheval. Sous les ordres d’un
capitaine, elle se composait de 62 sous-officiers et gendarmes. |
Lorsque Charles X monte sur le trône, la gendarmerie est organisée suivant l’ordonnance du 29 octobre 1820. Elle fait partie de l’armée, prend rang après la garde et compte parmi les corps royaux. L’ordonnance définit la gendarmerie comme : Force pour veiller à la sûreté publique.
La gendarmerie se compose alors de la gendarmerie d’élite, de la gendarmerie des départements, de la gendarmerie de Paris.
— La première créée pour le service résidences royales est placée sous les ordres du major général de la garde royale ; elle est composée de 1 colonel, 1 capitaine adjudant major, 1 lieutenant trésorier, 1 chirurgien major, 1 adjudant sous officier, 1 trompette-brigadier, 1 vétérinaire, 2 chefs d’escadron, 6 lieutenants, 2 maréchaux des logis-chefs, 12 maréchaux des logis, 24 brigadiers, 184 gendarmes, 4 trompettes. La force totale de la gendarmerie d’élite est de 241 hommes.
— La gendarmerie départementale divisée en 24 légions subdivisées en compagnies, lieutenances et brigades est soumise à l’inspection de lieutenants généraux nommés chaque année comme les inspecteurs de l’armée. Elle est à l’effectif général de 14 086 sous-officiers et gendarmes, répartis en 24 colonels, 24 chefs d’escadrons commandants de compagnie, 68 capitaines, 378 lieutenants, 92 trésoriers. Les sous-officiers et soldats sont divisés en gendarmes à cheval et gendarmes à pied. Les premiers comptaient 533 maréchaux des logis, 1 067 brigadiers, 8 000 gendarmes et trompettes les seconds 216 maréchaux des logis, 434 brigadiers gendarmes.
— Le corps de la gendarmerie royale de Paris était à l’effectif de 1528 hommes. Il se composait de 6 compagnies et d’un état-major, 1 colonel, 3 chefs d’escadron, 1 major, 1 capitaine adjudant-major, 2 lieutenants adjudants-majors, 1 trésorier civil, 3 chirurgiens civils, 3 adjudants sous-officiers, 1 vétérinaire, 1 maréchal des logis, trompette, 1 tambour-major, 4 maîtres ouvriers, 6 capitaines, 24 lieutenants, 6 maréchaux des logis-chefs, 36 maréchaux des logis à cheval, 60 maréchaux des logis à pied, 6 brigadiers-fourriers, 72 brigadiers à cheval, 120 brigadiers à pied, 12 trompettes, 12 tambours soit 432 gendarmes à cheval 720 gendarmes à pied.
Ordonnance du 26
janvier 1825 :
Charles X ordonne qu’à compter du 1er janvier 1826, le
département de la guerre doit fournir les détachements de gendarmes à
pied et à cheval nécessaires à la police des colonies. Les effectifs
seront prélevés dans la gendarmerie des départements par enrôlement
volontaire.
Ordonnance du 21
décembre 1828 (mémorial, vol. 3, n° 841, p33) :
Si la direction, l’administration et la comptabilité de tous les
corps militaires envoyés aux colonies ressortent du département de la
marine, la gendarmerie reste dans les attributions du ministre de la
guerre.
1830
|
L'algérie
La
gendarmerie d’Afrique a pour origine l’expédition d’Alger organisée par
le conseil de Charles X (1824 – 1830) vers le mois de janvier 1830. Une
flotte forte de 77 vaisseaux de guerre à voile et à vapeur, 347 navires
de transport et 230 bâtiments destinés au débarquement de l’artillerie,
du matériel et des troupes était rassemblée sous les ordres de
l’amiral Duperré dans les ports de Marseille et de Toulon. Pour
accompagner cette armée répartie en trois divisions, une force publique
à l’effectif d’un lieutenant-colonel nommé Grand-prévôt* par ordonnance
royale du 21 mars 1830, d’un capitaine, cinq lieutenants, 127
sous-officiers et gendarmes dont 35 à cheval était constituée. Les
gendarmes étaient alors partis dans leur grande tenue de France. * Le commandant de gendarmerie d’une armée est appelé grand prévôt ; le commandant de gendarmerie d’une division est appelé simplement prévôt. Leurs attributions embrassent tout ce qui est relatif aux crimes et délits commis dans l’arrondissement de l’armée. Leurs devoirs sont surtout de protéger les habitants du pays contre le pillage ou toute autre violence. |
Le 14 juin une file de chalands et
d'embarcations
déposaient les troupes sur la presqu'île de Sidi-Ferruch. Cinq jours
plus tard, les Arabes attaquaient le
corps expéditionnaire. Tous les
gendarmes prirent part à l'action et un gendarme à cheval ouvrit la
longue liste des victimes de la gendarmerie tombées sur le sol
algérien.
Durand la progression des troupes vers Alger, les gendarmes à cheval formaient l'escorte du général en chef, après avoir protégé les jours précédents les différents convois entre les troupes d'avant-gardes et le camp de Sidi-Ferruch. La police de ce camp et celle des autochtones étaient assurées par la gendarmerie à pied.
Le 5 juillet, les troupes françaises entraient dans Alger. Dès cet instant, le maintien de l'ordre de cette ville de population hétérogène incomba à la gendarmerie. Pour occuper le pays, le maréchal de Bourmont scinda son armée et commença à déployer ses effectifs dans différentes régions comme Bône, Blida et Oran. La force publique fut à son tour scindée en autant d'éléments.
Diminuée par ses morts, ses blessés et ses malades, elle se trouva vite dans l’incapacité d’honorer l’ensemble des missions qui lui étaient confiées. Le commandant en chef demanda des renforts, mais sans réponse de la France en proie à l’instabilité avec la chute de Charles X, il créa une compagnie de gendarmerie provisoire, recrutée parmi les sous-officiers et soldats de l’armée. Ces gendarmes improvisés, peu au courant de leurs nouveaux devoirs, avaient peine à satisfaire à leurs délicates et multiples obligations.
Comme à leur habitude, coupés de la réalité, les parlementaires confortablement installés dans leurs fauteuils rouges réclamaient déjà la diminution des effectifs de l’armée d’Afrique pourtant bien minime. C’est dans ces conditions que la force publique fut ramenée à 108 hommes, alors qu’elle était déjà bien insuffisante. Avec l’arrivée de nombreux mercantis attirés par l’appât du gain, la protection des voyageurs, des propriétés, la poursuite des déserteurs et délinquants, les gendarmes avaient un service ininterrompu et accablant.
Au mois d'août 1830 l'effectif de la force publique n'était plus que de trois officiers et cinquante-neuf gendarmes.
Par décision du nouveau
général en
chef, le général Clauzel, en date du 21 septembre 1830, l'effectif fut
porté à 208 hommes en y incorporant les militaires de la gendarmerie
provisoire. La plus grande partie des officiers furent choisis parmi
ceux des troupes de lignes.
Le premier texte qui nous donne des
indications sur la tenue
des gendarmes en Afrique est le rapport que le maréchal Jean-de-Dieu
Soult duc de Dalmatie adressa au roi Louis-Philippe Ier le
22 novembre
1833.
Dans cette correspondance, le maréchal soulignait l'importance d'augmenter significativement l'effectif de la force publique pour répondre aux obligations de son service, mais avec « la nécessité de renfermer cette augmentation dans les limites du budget prévu pour l'année 1834 ».
Pour cela, il proposa au roi de « supprimer avec la dénomination de Force
publique, les frais de prévôté, les indemnités de service
extraordinaire et les
suppléments de solde accordés jusqu'ici sur le pied de guerre aux
officiers, sous-officiers et gendarmes employés en Afrique et d'établir
un nouveau tarif de solde en rapport avec la position spéciale de ces
militaires et comprenant les seules allocations auxquelles ils pourront
prétendre en sus des vivres
de campagne et de fourrages qu'ils continueront de recevoir comme les
autres troupes d'occupation. Par cette combinaison et moyennant un
faible supplément de crédit, on arriverait à former sous le titre de
Légion d'Afrique un corps de Gendarmerie proportionné aux besoins réels
du service ».
Les corps de
gendarmerie destinés à la
surveillance des colonies sont désormais désignés sous le nom de « gendarmerie des colonies ».
Une ordonnance royale du 22 novembre 1833 supprima d'abord l'emploi de grand prévôt puis à partir du 1er janvier 1834 la Force publique d'Afrique prit l'appellation de Gendarmerie d'Afrique.
Gendarme en tenue d'époque - reconstitution de 1935
C'est dans cette
tenue que les gendarmes, qui composaient la force publique, ont fait
l'accompagnement des troupes de l'expédition d'Afrique.
Dans cette ordonnance, le maréchal Jean-de-Dieu Soult duc de Dalmatie fixa l'uniforme de la Gendarmerie d'Afrique en le réduisant aux effets qui composent la petite tenue de la Gendarmerie départementale sauf les exceptions ci-après :
Le 26 septembre 1834, le comte Drouet d'Erlon investi des fonctions de gouverneur général arriva à Alger avec pour premier soins de s'occuper de réduire les dépenses d'occupation que les chambres réclamaient toujours à grand bruit. Dans une lettre qu'il adressa au ministre le 19 novembre 1834 au sujet de l'organisation et de l'administration de la gendarmerie d'Afrique, il proposait plusieurs mesures dont certaines concernaient la tenue. Dans sa réponse du 3 janvier 1835, le ministre les approuvait dans leur ensemble et fixait la tenue comme suit :
Il faudra attendre la circulaire
ministérielle du 6
novembre 1835 pour connaître avec plus de précisions les
particularités de la tenue et l'équipement de la gendarmerie d'Afrique.
Elle nous apprend que les gendarmes font usage d'un
harnachement particulier et ne portent pas la grande botte. Le surtout
est à basques courtes et le chapeau est remplacé par la casquette, mais
c'est l'instruction de 18 avril 1836 qui nous éclaire entièrement à ce
sujet.
Ce nom fut donné à différentes formations
indigènes de guides et de
gardes champêtres qui furent successivement organisées depuis 1831 pour
servir
d'interprètes et d'auxiliaires à la gendarmerie au cours de la conquête
de l'Algérie.
Les premières unités furent créées en 1831
pour
assurer la
surveillance et la police autour d'Alger. Elles étaient commandées par
deux scheiks ayant rang et la solde de maréchal des logis. En 1836, une
unité de gendarmes Maures fut adjointe à la gendarmerie de Bône puis en
1839 le personnel fut rattaché aux bureaux arabes.
La gendarmerie maure ayant prouvée son
efficacité, le gouverneur général de l'Algérie la réorganisa. Par
arrêté du 5 juillet 1840 un peloton de gendarmerie maure est constitué
à Constantine, le 1er octobre suivant est créé le peloton de
gendarmerie maure de Philippeville. Le 20 novembre 1840, les unités de
gendarmes maures de la province d'Alger sont réorganisées en deux
escadrons de 115 hommes, officiers compris. Le premier prit le nom
de gendarmerie maure d'Alger, le second fût partagé en deux et installé
pour la première moitié à Blidah et la seconde à Coléah dont elles
prirent le nom.
Les gendarmes
Maures conservent leur tenue orientale. Elle est composée :
|
|
Gendarmes
maures |
Les unités de gendarmes maures ont été dissoutes par l'ordonnance du 7
décembre
1841 qui organisait les corps de troupe indigène en Algérie. Ils
furent
intégrés dès le 1er avril 1842 dans un corps de cavalerie
indigène, dont la force initialement fixée à 20 escadrons prit le nom
de spahis.
Ordonnance du 17
août 1835 (Mémorial, vol. 3, n° 1212, p.253) :
Les unités de gendarmerie affectées aux colonies prennent le nom de
« gendarmerie coloniale ».
Cette ordonnance l’organise de la manière suivante :
Parue au journal militaire, cette
instruction de 80 pages résume toutes les modifications successives
apportées à l'uniforme de la gendarmerie départementale depuis quelques
années. Elle précise également
l'armement en dotation qui est le même que celui de la gendarmerie des
départements.
L'uniforme de la gendarmerie d'Afrique est identique à celui porté par les gendarmes de la 17e légion sauf :
La coiffe en usage à cette époque est la casquette de la gendarmerie. Issue d'une modification du shako elle ne ressemble en rien à la casquette que l'on connaît de nos jours. Elle est confectionnée de la manière suivante :
L'armement est identique à celui utilisé dans la gendarmerie départementale. |
|
La
gendarmerie d'Afrique en 1843 Bataille de Taguin 16 mai 1843 |
Circulaire
ministérielle du 4 juin 1837 (Mémorial, vol.
3, n° 1079, p. 227) :
Cette circulaire du ministre de la Guerre précise que le recrutement
des gendarmes coloniaux a lieu parmi les sous-officiers et gendarmes
des légions et que le surplus est soumis aux mêmes formalités que le
recrutement des gendarmes à cheval.
Ordonnance du 16
mars 1838 :
Cette
ordonnance fixe les différents
grades et emplois dans les armées. Pour la gendarmerie la hiérarchie
est composée des grades suivants :
- Sous-officiers : gendarme ; brigadier ; maréchal des logis.
- Officiers : sous-lieutenant ; lieutenant ; capitaine ; chef
d'escadron ; lieutenant-colonel ; colonel.
Elle précise dans son article 385 que les dispositions concernant
l'avancement dans la gendarmerie départementale sont applicables à la
gendarmerie coloniale.
Avec
l'ordonnance du 31 août 1839, Louis
Philippe Ier
porte
l'effectif du corps de la gendarmerie d'Afrique à 708 officiers,
sous-officiers, brigadiers et gendarmes et à 448 chevaux. Ce corps
prend la dénomination de « légion de
gendarmerie d'Afrique ». La légion est formée de quatre
compagnies
dont les chefs-lieux sont fixés à Alger, Bouffaric, Constantine et Oran.
1840
|
martinique & guadeloupe
Avec l'ordonnance du 6 septembre 1840, Louis-Philippe Ier fixe le complet de chacune des compagnies de gendarmerie employées à la Martinique et à la Guadeloupe à 148 hommes. Chaque compagnie est composée de quatre officiers, huit maréchaux des logis, seize brigadiers et cent vingt gendarmes. |
l'île bourbon
Par la même ordonnance, il organise sur l'île Bourbon une compagnie de gendarmerie composée d'un capitaine, trois lieutenants ou sous-lieutenants, cinq maréchaux des logis à cheval, onze brigadiers à cheval et quatre-vingts gendarmes à cheval. |
|
La guyane
Il installe en Guyane une demi-compagnie forte de cinquante hommes et composée d'un capitaine, de deux lieutenants ou sous-lieutenants, trois maréchaux des logis à cheval, cinq brigadiers à cheval, quarante gendarmes à cheval. Tous les personnels de ces compagnies sont montés. Les officiers, sous-officiers et gendarmes composant la compagnie de l'île Bourbon et la demi-compagnie de la Guyane sont prélevés dans les légions de gendarmerie départementale. Ils portent l'uniforme en usage en métropole. |
Les militaires de tout grade du corps de la
gendarmerie doivent à l'avenir porter la moustache.
Ce règlement sur l'uniforme, qui est une
annexe à
l'instruction du 18 avril 1836, est entièrement consacré à l'uniforme
de la gendarmerie coloniale.
1846
|
Nouvelle calédonie
Avec l'ordonnance du 17 octobre 1846, Louis-Philippe Ier crée un détachement de gendarmerie à cheval pour le service des établissements français en Océanie. Il est composé d'un lieutenant ou sous-lieutenant, un maréchal des logis, trois brigadiers et quinze gendarmes (Total : 20). |
À cette date, le complet de la gendarmerie
coloniale
est de 15 officiers, 451 gradés et gendarmes à cheval, 10 gendarmes à
pied et 469 chevaux.
Circulaire
ministérielle du 14 janvier 1846 :
Les
mousquetons à silex de la 1re et 2e compagnie d'Afrique sont échangés
contre le fusil de dragon transformé et armé de sa baïonnette. Les
pistolets à silex sont remplacés par les pistolets de gendarmerie
transformés, à percussion.
L'habillement, l'équipement et le harnachement de la gendarmerie d'Afrique sont semblables à ceux de la Corse à quelques différences près.
L'habillement de la gendarmerie coloniale est semblable à celui de la gendarmerie d'Afrique.
Les seuls objets qui distinguent la gendarmerie coloniale sont les boutons de tous ces vêtements qui sont argentés et portent l'empreinte du coq gaulois avec l'exergue « sûreté publique » et la légende « Gendarmerie coloniale ».
À compter de cette date, la tenue coloniale
sera pratiquement identique à la tenue d'Afrique.
Lorsque
la deuxième république s'installa, la gendarmerie se composait :
La deuxième république sera à l'origine de la création d'emplois d'adjudants et de maréchaux des logis-chefs dans la gendarmerie départementale.
Le ministre de la guerre impose aux militaires de tout grade de la gendarmerie de porter la mouche.
Arrêté du 16
décembre 1848 :
Cet arrêté dispose que les trois provinces de l'Algérie sont maintenues
et transformées en départements qui seront soumis au même régime
administratif que ceux de la métropole.
Circulaire du 21
décembre 1849 :
Le ministre de la guerre prescrit aux commandants de légion de
gendarmerie le dépôt dans toutes les brigades d'un ouvrage intitulé « Mémorial de la gendarmerie » publié
par le chef d'escadron Cochet de Savigny. Il vient en complément du « Dictionnaire de la Gendarmerie».
Décret du 1er
octobre 1849 :
Ce décret organise deux compagnies
d'infanterie destinées à servir
spécialement, dans l'étendue de l'Algérie, comme auxiliaires de la
légion de gendarmerie d'Afrique. Ces deux compagnies à l'effectif de
124 militaires, officiers compris sont créées sous le nom de voltigeurs algériens. La solde, les
indemnités et abonnement à
allouer à ces compagnies ainsi que leur uniforme furent les mêmes que
ceux fixés par décision du 25 octobre 1849
Cette décision décrit l'uniforme du bataillon de
voltigeurs corses et
des compagnies de voltigeurs algériens. À quelques points de détails
près, ces unités sont habillées et équipées de la même manière.
Arrêté du 19
décembre 1849 :
L'effectif
de la légion de gendarmerie d'Afrique est réduit à 582 officiers,
sous-officiers et gendarmes et à 377 chevaux.
Cette décision apporte des modifications à l'instruction du 21 août 1846.
Le képy change de couleur. Son bandeau est désormais bleu foncé, son turban et son calot gris-bleu comme le pantalon. Il est orné sur toutes les coutures d'une ganse en argent. Sur le devant du bandeau de 40 mm est cousue une grenade en argent, brodée sur drap bleu foncé. Sa visière horizontale de 56 mm au milieu est en cuir noir sur le dessus et vert en dessous. Le rond ou calot légèrement enfoncé dans les bords du turban est orné tout au tour d'une ganse. Il est muni d'une jugulaire en veau verni de 18 mm avec boucle. Il mesure 130 mm sur le devant et 170 mm derrière. Il possède un couvre-képi et un couvre-nuque.
Le képy des officiers est orné d'une grenade en
argent brodée en cannetilles mates. Les ganses sont remplacées par des
tresses plates en argent. Leur nombre varie avec le grade.
1851
|
Taïti
Le décret du 12 novembre 1851 crée pour le
service de
l'Océanie (ici Taïti) un détachement de gendarmerie à pied. Il est
composé d'un maréchal des logis, d'un brigadier et huit gendarmes
(Total : 10). Par décret du 1er décembre 1851, ce
détachement est placé sous le commandement d'un lieutenant ou
sous-lieutenant. |
Décret du 22 janvier 1852 - Création de la Médaille militaire en faveur des soldats et sous-officiers de l'armée de terre et de l'armée de mer.
Décret du 26 mai
1852 :
Les
deux compagnies de voltigeurs algériens sont licenciées. Les officiers
rejoignent l'arme à laquelle ils appartenaient et les sous-officiers,
caporaux et voltigeurs sont envoyés dans les corps d'infanterie
d'Afrique.
En
1853, la gendarmerie de France se
compose :
Par lettre ministérielle du 1er février
1853, le maréchal de France De Saint-Arnaud, ministre secrétaire d'État
de la Guerre, crée un service médical pour la gendarmerie. Dans chacune
des places de garnison où se trouvent des médecins militaires, l'un
d'eux ou plusieurs s'il y a opportunité sont désignés par le général
commandant la division pour donner gratuitement et à domicile les soins
médicaux nécessaires non seulement aux gendarmes employés dans ladite
place, mais encore à leur famille.
C'est par touches successives que l'uniforme de la gendarmerie sera modifié au début du Second Empire. Il faudra attendre le 17 septembre 1853 pour que la gendarmerie (y compris de Corse et d'Algérie) prenne le nom de «gendarmerie impériale» et cependant, dès le 5 avril 1853, l'emblème de l'aigle français était placé sur les poignées d'épées, les plaques de ceinturon et de baudrier, les boutons, les coulants de ferrets, les plaques de bonnet à poils et de shako, les coquilles d'épées.
Le shako est remplacé par le képy pour les
officiers et la troupe. Il est avec sa coiffe en toile de coton vernie
du même modèle que celui adopté pour la gendarmerie d'Afrique suivant
la décision ministérielle du 8 août 1850. Les militaires de la
gendarmerie coloniale sont autorisés à porter le chapeau de paille pour
le service intérieur.
Décret du 11
janvier 1854 :
Afin
de mettre l'organisation de la gendarmerie coloniale en harmonie avec
la gendarmerie départementale, il est créé dans chacune des compagnies
de la gendarmerie coloniale un emploi de maréchal des logis-chef et un
emploi de maréchal des logis adjoint au trésorier.
Décret impérial
du 1er
mars 1854 :
Ce décret portant règlement sur l'organisation et le service de
la gendarmerie, fait la synthèse de tous les textes parus depuis la loi
du 28 germinal An IV.
Le corps de la gendarmerie se compose :
* de 26 légions pour le service des
départements et de l'Algérie,
* de la gendarmerie coloniale,
* de deux bataillons de gendarmerie
d'élite, (ces deux bataillons sont
supprimés et remplacés par le régiment de gendarmerie de
la garde impériale)
* de la garde de Paris chargée du
service spécial de la ville de Paris,
* d'une compagnie de gendarmes vétérans.
La hiérarchie militaire dans la gendarmerie des départements, de
l'Algérie et des colonies se compose des grades de :
- brigadier ( commandant
de brigade, secrétaire du chef de légion),
- maréchal des logis et maréchal des logis-chef (
commandant
de brigade, adjoint au trésorier),
- adjudant,
- sous-lieutenant,
lieutenant
(commandant d'arrondissement, trésorier)
- capitaine (commandant d'arrondissement, trésorier,
commandant de compagnie)
- chef
d'escadron ( commandant de compagnie ),
- lieutenant-colonel et de colonel ( commandant de
légion ).
1854
|
Afrique occidentale
Création par décret du 30 septembre 1854
dans cette partie de l'Afrique d'un détachement de gendarmes composé
d'un maréchal des logis à pied (commandant le détachement), de deux
brigadiers, douze gendarmes à pied et un enfant de troupe. La tenue des officiers, sous-officiers, brigadiers et gendarmes partis au Sénégal est celle prescrite pour la gendarmerie d'Afrique. |
Avec cette note, le ministre de la guerre arrête les modèles d'armes destinées aux officiers de gendarmerie
La gendarmerie porte la moustache et la mouche. La longueur de l'une et de l'autre devant être maintenue dans les limites raisonnables.
La tenue des gendarmes servant en Afrique
est la même depuis 1846 seule la coiffure est une nouvelle fois
modifiée. La gendarmerie d'Afrique porte un bonnet de police à visière
semblable au képi de la départementale et une autre coiffure
spécialement dénommée képy
(avec un y), qui s'en distingue par la hauteur (120 mm devant et 165 mm
en arrière) et l'absence du galon d'arme de 13 mm.
Décret impérial
du 18 février 1860 :
Ce décret organise
séparément les détachements de gendarmerie employés à Taïti et en
Nouvelle-Calédonie à la suite de la division en deux gouvernements des
établissements en Océanie.
Afin
de lui permettre d'avoir dans ses rangs des guides et interprètes,
Napoléon III décide d'adjoindre au personnel de la légion de
gendarmerie d'Afrique un certain nombre d'auxiliaires indigènes. Ces
auxiliaires de la gendarmerie sont choisis parmi les indigènes à
pied ou à cheval servant dans les spahis ou tirailleurs indigènes.
Ils conservent l'uniforme arabe en usage,
mais ce dernier
doit rappeler quant aux couleurs et aux marques distinctives, celui de
la gendarmerie. Dès leur intégration dans le corps, il leur était
alloué
des allocations afin de se pourvoir d'effets d'uniforme et de se
remonter selon le mode en usage dans la gendarmerie.
Comme tous les gendarmes, les indigènes choisis durent prêter serment devant le Commandant supérieur, mais également devant l'Iman de la mosquée, de servir la France avec dévouement et d'exécuter les ordres qui leur seraient donnés.
1862
|
La cochinchine
Au début de l'occupation française en Cochinchine une force publique fut organisée. Elle était composée de 4 brigades à cheval pour un effectif total de 50 gendarmes. |
Ce texte apporte plusieurs modifications :
Le képi de la gendarmerie d'Afrique est modifié par l'adjonction d'une ventouse à trous au sommet du calot.
Comme les autres troupes, les gendarmes perçoivent une coiffe de képi en calicot blanc avec couvre-nuque. Le col noir est abandonné au profit d'une cravate en toile bleue.
Avec
le décret impérial du 12 octobre 1868, la force publique de gendarmerie
employée en Cochinchine prend la dénomination de détachement de gendarmerie de la
Cochinchine.
Commandé par un capitaine, l'effectif de ce détachement est composé de
deux lieutenants, huit sous-officiers et 32 gendarmes à cheval, 13
sous-officiers et 47 gendarmes à pied, deux enfants de troupe.
L'effectif total est de 105 hommes.
Lorsque la IIIe république s'installe, la gendarmerie nationale est à l'effectif de 19 735 hommes.
Dès 1871, il est porté à 23 000 hommes avec la
création d'une
légion de gendarmerie mobile de 1 222 hommes et l'augmentation de la
garde républicaine de 2 856 hommes à 6 246. À cela il convient
d'ajouter les gendarmes de l'Afrique au nombre de 867, les gendarmes
des colonies 800, les gendarmes maritimes 600.
La gendarmerie coloniale est alors composée de :
L'uniforme de la gendarmerie coloniale est composé de deux tenues :
Cette instruction reprend dans son ensemble la décision ministérielle de 1871 et lui apporte de nombreuses précisions et quelques modifications. L'habillement de la gendarmerie se compose pour les officiers, sous-officiers, brigadiers et gendarmes :
La tunique, le pantalon de cuir de laine
bleu-clair, le pantalon de treillis, le mateau, le collet-manteau, la
veste des sous-officiers, brigadiers et gendarmes sont semblables à
ceux
des départements. Les différences sont les suivantes :
Le ministre de la Marine rend applicable à la gendarmerie coloniale la décision du ministre de la guerre du 13 août 1872. Les gendarmes seront armés :
Les sous-officiers, brigadiers, tambours et trompettes porteront l'épée dans la tenue de résidence.
Cette instruction concerne les effets
d'habillement et d'équipement de
la gendarmerie coloniale composée des colonies de Saint-Pierre et
Miquelon, de la Guyane, du Sénégal et
de l'Océanie de la Guadeloupe, de la Martinique, de la
Réunion, de la Cochinchine et de la Nouvelle-Calédonie.
En raison de son climat, les gendarmes du détachement de Saint-Pierre et Miquelon sont vêtus comme ceux de la gendarmerie départementale.
Pour les compagnies de la Guadeloupe, de la Martinique, de la Réunion, de la Cochinchine, de la Nouvelle-Calédonie et les détachements de la Guyane, du Sénégal et de l'Océanie, l'habillement pour les deux armes est fixé comme suit :
Pour
les officiers, sous-officiers,
brigadiers et gendarmes
:
Pour les sous-officiers, brigadiers et gendarmes :
Pour les sous-officiers, brigadiers et gendarmes à cheval :
* La teinture du drap couleur bleu de roi est obtenue exclusivement par le traitement à l'indigo.
** La teinture du drap couleur écarlate est obtenue exclusivement par le traitement à la cochenille.
Le ministre de la guerre décide d'assigner une dénomination uniforme à la coiffure de petite tenue des troupes de toutes armes, laquelle, suivant les époques a été appelée indifféremment : bonnet de police à visière, casquette, képi. À compter de cette date, cette coiffure est désignée exclusivement et réglementairement sous le nom de képi.
À compter de cette date, le révolver n'est plus porté dans le portefeuille de correspondance* mais dans un étui sur l'homme. Cet étui doit recevoir le pistolet Mle. 1873 et être pourvu d'une case pouvant contenir les cartouches. Il est muni d'une bretelle destinée à passer en sautoir sur l'épaule, afin de soulager le ceinturon d'une partie du poids de l'arme. Il est porté à gauche pour ne pas gêner le port du fusil à droite.
* À la suite de cette décision, le ministre de la guerre supprime dans une note du 24 août suivant la fonte en vache lisse qui se trouvait à l'intérieur du portefeuille de correspondance.
Avec la loi du 13 mars 1875 portant réorganisation de l'armée, il fut décidé que la légion de gendarmerie d'Afrique serait rattachée au 19e corps d'armée. Une décision ministérielle du 27 avril 1875 établit que les quatre compagnies d'Algérie formeraient la 31e légion de gendarmerie.
Loi du 24 juillet
1875 :
Loi portant sur le service de la gendarmerie aux armées. Lorsqu'une
armée est constituée et mobilisée, le commandant supérieur de la
gendarmerie y reçoit le titre de grand
prévôt, et le commandant de la gendarmerie de chaque corps
d'armée s'appelle prévôt.
La gendarmerie remplit à l'armée des fonctions analogues à celles
qu'elle exerce dans l'intérieur : la constatation des crimes, délits et
contraventions, la rédaction des procès-verbaux, la poursuite et
l'arrestation des coupables, la
police, le maintien de sont de sa
compétence et constituent ses devoirs.
Sous la date du 31 mars 1878, le ministre de la
Marine décidait que les troupes de marine stationnées au Sénégal, à la
Guyane et en Cochinchine porteraient à l'avenir un casque en liège
recouvert de toile blanche du même genre que celui qui est
réglementaire pour les troupes anglaises. Par décision du 14 mars 1879,
ce casque fut rendu réglementaire pour la gendarmerie coloniale.
Par décret du 22 novembre 1879, réalisant
une nouvelle organisation de la gendarmerie, la 31e légion
prit à cette
date le numéro du corps d'armée et devint la 19e légion de
gendarmerie.
1882
|
tunisie
Les combats entre tribus algériennes et tribus
khroumirs en territoire
algérien fournissent un prétexte à Jules Ferry pour s’emparer de la
Tunisie. En avril 1881, les troupes
françaises y pénètrent et son accompagnées d'un corps prévôtal à
l'effectif de 55 hommes et d'un détachement de 93 hommes tiré du
bataillon de gendarmerie mobile. Le 15 juin 1882, ces deux unités
seront
réunies sous le nom de détachement
de gendarmerie du corps d'occupation de Tunisie. Sous les ordres
d'un capitaine, ce détachement sera scindé en deux divisions, une à
Tunis et l'autre à Sousse. |
1883
|
madagascar
La gendarmerie fit son apparition sur la grande
île australe d'une manière peu conventionnelle. En effet, c'est comme
force militaire complémentaire que 20 gendarmes venant de l'île de la
Réunion furent mis à la disposition des autorités militaires pour mener
plusieurs opérations dans les localités de Tamatave et de Vohémar. Lors
de l'évacuation de l'île en janvier 1887, le détachement retourna à la
Réunion à l'exception de trois brigades laissées à Diego-Suarez que le
traité de paix reconnaissait comme possession française. En 1895, un corps expéditionnaire fut envoyé sur l'île. Il était accompagné d'une prévôté composée de 3 officiers, 5 gradés et gendarmes renforcés par la suite de 15 autres. Par décret du 18 juillet 1901, la force publique de gendarmerie est transformée en détachement de gendarmerie à Madagascar. Elle est composée d'un capitaine commandant le détachement, d'un lieutenant, 9 sous-officiers et 36 gendarmes à cheval, 10 sous-officiers et 36 gendarmes à pied. |
1883
|
Le Tonkin
C'est avec le corps expéditionnaire du
Tonkin qui avait dans sa formation une force publique tirée du bataillon de
gendarmerie mobile,
que la gendarmerie fit son apparition sur ce
continent. Arrivée le 14 juillet 1883 dans ce pays, elle comprenait
un maréchal des logis, un
brigadier et huit gendarmes. Le 18 février
1884,
un deuxième détachement, également tiré du bataillon de gendarmerie
mobile, vient renforcer le premier sous les ordres d'un capitaine.
L'effectif de ce détachement était de 20 gradés et gendarmes. Ils sont
alors transformés en prévôté du corps expéditionnaire. La tenue des officiers, sous-officiers, brigadiers et gendarmes partis au Tonkin est identique à celle portée en France. |
Décision
ministérielle du 12 mars 1883 :
La
distinction hiérarchique des officiers se faisait à cette époque
par le jeu des épaulettes (couleur, torsades) des contre-épaulettes et
des aiguillettes. Avec cette décision, le ministre de la
guerre autorise les officiers de gendarmerie (gendarmerie
départementale, légion d'Afrique, bataillon mobile et garde
républicaine) en petite tenue et dans leur service journalier à porter
sur les manches de la tunique et du manteau des
galons de grade à la place des épaulettes et aiguillettes. Cette
décision entraîna
pour les officiers la modification des parements des manches de la
tunique qui étaient
taillés en pointes et se prêtaient parfaitement au galonnage en chevron
des maréchaux des logis et brigadiers.
Les grades des officiers étaient constitués de galons or ou argent
suivant
l'arme dit en traits côtelés de 6mm placés parallèlement et
immédiatement au-dessus du parement et faisaient le tour de la manche.
Leur
nombre indiquant le grade de l'officier. Cette décision sera appliquée
aux adjudants
sous-officiers.
La tunique en drap bleu est supprimée pour les sous-officiers, brigadiers et gendarmes sauf pour le détachement de Saint-Pierre et Miquelon.
Par décision présidentielle du 28 mars 1885,
les
économies réalisées par la suppression du bataillon de gendarmerie
mobile permettent la création d'une gendarmerie sédentaire en Tunisie.
Ce détachement autonome est constitué de 18 brigades (9 à cheval et 9 à
pied).
Cette instruction résume l'ensemble des modifications apportées à l'uniforme de la gendarmerie ( gendarmerie départementale, de la Corse, d'Afrique, de la garde républicaine et des auxiliaires indigènes de la gendarmerie d'Afrique) depuis 1872. L'habillement se compose de deux tenues :
Pour les
gendarmes coloniaux (l'habillement
est semblable à celui de la Corse) :
Pour les
gendarmes auxiliaires indigènes (les éléments de la tenue sont
du
modèle des spahis) :
Par décret du 6 février 1888, la force
publique de
gendarmerie employée au Tonkin et en Annam prend la dénomination de détachement de gendarmerie du Tonkin
et de l'Annam.
Son effectif est fixé à 1 lieutenant, 1 maréchal des logis comptable, 2
maréchaux des logis à pied, 6 brigadiers à pied, 40 gendarmes à pied.
Le détachement est réparti en huit brigades
stationnées à Hanoï, Dap-Cau, Sontay, Nam-Dinh, Haiphong, Hué et
Tourane.
Son effectif sera porté par décret du 30 octobre 1894 à
soixante-quinze hommes, dont un capitaine et un lieutenant.
Par extension des dispositions prévues au décret du 17 mars 1886 concernant les officiers et sous-officiers des corps de troupe, les militaires de tous grades de la gendarmerie départementale et algérienne et de la garde républicaine ont la faculté de porter, à leur gré, les moustaches et la mouche ou la barbe entière, celle-ci assez courte pour ne pas masquer les grenades du collet.
Le képi de grande tenue est rigide. Il
s'orne du galon d'arme de
13 mm en argent à la partie supérieure du bandeau. Sur
celui-ci est brodée une grenade en argent. Le képi reçoit une cocarde
fixée par une ganse et un macaron en argent et laine, un gousset
porte-pompon et un pompon ovale dont le quart inférieur et postérieur
est supprimé. Sa hauteur sur le devant est de 105 mm et de 155 mm sur
l'arrière. Toutes les coutures sont recouvertes d'une ganse ronde en
cordonnet tissé deux tiers en argent et un tiers en laine bleue.
Cette coiffure est identique du gendarme au maréchal des logis-chef.
Celle des adjudants comporte une soutache de grade en or. Pour les
officiers les ganses et soutaches sont en argent et il s'y rajoute les
soutaches de grade. Le képi des officiers et adjudants est orné d'un
noeud hongrois sur le dessus du calot et une fausse jugulaire en galon
d'argent (or pour les adjudants). Le pompon entièrement en argent (or
pour les adjudants) est remplacé en grande tenue pour les officiers
supérieurs par l'aigrette ou le plumet tricolore prescrit pour toutes
les armes par décision ministérielle du 11 juin 1886.
Les dispositions de cette note ne sont pas
applicables au détachement de Saint-Pierre et Miquelon.
Suppression du paletot de molleton pour l'arme à cheval et l'arme à pied. Il est remplacé par un dolman en flanelle bleue fermant droit sur la poitrine au moyen de neuf gros boutons d'uniforme. Son collet de 30mm de hauteur est coupé à angle droit. Il est orné à chaque extrémité d'une grenade. Il est garni de boutons destinés à fixer la col blanc qui doit déborder du collet de 4mm au maximum. Ce molleton possède une poche ouverte en biais sur le côté droit de la poitrine. Sur chaque épaule sont cousus une bride et un bouton d'uniforme servant à fixer les épaulettes. Les devants sont parementés et passepoilés en drap du fond. Les manches, sans parements, sont coupées d'un seul morceau et rempliées au bas sur lesquelles sont cousus deux petits boutons d'uniforme. Les insignes de grade, qui restent inchangés, sont placés sur les manches de la même manière que ceux de la tunique de la gendarmerie métropolitaine.
Le casque est conservé, mais il est muni d'une grenade du modèle adopté pour l'artillerie de marine en métal blanc pour la troupe et maillechort argenté pour les officiers.
Toutes les parties du harnachement et du grand équipement en cuir verni
sont remplacées par du cuir fauve.
Le décret du 13 mars 1889* réorganise la gendarmerie coloniale et fixe son effectif à 898 officiers, sous-officiers, brigadiers et gendarmes. La gendarmerie coloniale est alors déployée dans dix colonies :
La loi de finances du 16 décembre 1890 réduit les crédits inscrits au titre de la gendarmerie coloniale. Un décret du 6 juin 1891 réduit les effectifs de la compagnie de la Martinique à 4 officiers et 104 sous-officiers et gendarmes, celle de la Guadeloupe à 4 officiers et 113 sous-officiers et gendarmes, celle de la Réunion à 3 officiers et 115 sous-officiers et gendarmes, celle de Nouvelle-Calédonie à 4 officiers et 123 sous-officiers et gendarmes. Le détachement du Sénégal est supprimé.
La loi de finances promulguée le 18 avril 1893
qui augmente les crédits au titre de la gendarmerie coloniale permettra
de rétablir une partie des effectifs à savoir : un chef d'escadron dans
les compagnies de la Martinique, Guadeloupe et Nouvelle-Calédonie
; 15 sous-officiers et gendarmes pour la compagnie de la
Guadeloupe, 14 sous-officiers et gendarmes pour la compagnie de
la Réunion ; deux brigadiers et quinze gendarmes pour la compagnie de
Nouvelle-Calédonie ; un brigadier et quatre gendarmes pour le
détachement de Taïti.
*
Décret
du 13 mars 1889 :
C'est à cette occasion que des emplois d'adjudant
ont étaient créés dans la gendarmerie coloniale par application
du décret du 26 mars 1887 créant des emplois d'adjudant et de maréchal
des logis-chef en métropole.
Remplacement, au cours de l'année 1892, de la carabine modèle 1874 par la carabine modèle 1890 qui est une arme à répétition. Plus courte de 20cm environ que le modèle précédent (96 cm au lieu de 1,17 m), l'arme est munie d'une hausse de tir. Sa portée maximale est de 2000 m. Elle est équipée d'un chargeur mobile contenant trois cartouches.
Décret du 8 mars
1892 :
L'administration des colonies est détachée du ministère du Commerce et
de l'Industrie et rattachée au ministère de la Marine.
1895
|
L'Afrique-Occidentale Française (AOF) Un décret du 16 juin 1895 crée le gouvernement
général
de l'Afrique-Occidentale française (AOF) composé des territoires du
Sénégal, du Soudan français, de la Guinée
et de la Côte-d'Ivoire. Cet ensemble constitué en plusieurs
étapes sera composé à terme de huit colonies : la
Mauritanie, le Sénégal, le Soudan français (Mali), la Guinée, la
Côte d'Ivoire, le Niger, la Haute-Volta (Burkina Faso) et le Dahomey
(Bénin). Le gouvernement général de l'AOF sera d'abord installé à
Saint-Louis (1895-1902) puis à Dakar, suivant
le décret du 1er octobre 1902 portant réorganisation du gouvernement
général de l'Afrique-Occidentale Française (1902-1960). voir les gouvernements généraux |
Les gendarmes de ces îles sont autorisés à
porter un bonnet de police spécial destiné à garantir ces militaires
contre le froid rigoureux de l'hiver. Jusqu'à ce jour, le képi était la seule
coiffure admise.
Il est en drap bleu clair semblable à celui des
pantalons. De forme oblongue, son pourtour peut à volonté se rabattre
ou se relever. Il est orné du galon de fonction de 13mm, d'une ganse en
fil blanc dans la partie supérieure du bandeau, d'une grenade en fil
blanc.
Pour les sous-officiers et brigadiers, le galon
en la grenade sont en argent, la ganse est mélangée 2/3 argent et 1/3
laine bleue.
Le ministre de la Marine décide, à compter de
janvier 1897, de remplacer le révolver modèle 1873 et la carabine
modèle 1874 en service dans la gendarmerie coloniale par le révolver
modèle 1892 et la carabine modèle 1890.
Le képi de grande tenue est semi-rigide. Il s'orne d'une cocarde striée aux couleurs nationales de 45 mm. Les soutaches de grade, la grenade et le galon de pourtour sont semblables à ceux du képi ordinaire. Le pompon se porte incliné à l'avant. En grande tenue, les chefs de légion font usage d'une aigrette de plumes de héron blanches de 120 mm de hauteur. Le plumet droit est tricolore pour les officiers supérieurs, rouge pour les officiers subalternes. Le képi est muni d'une jugulaire en cuir noir de 11 mm de large. Le képi des adjudants se distingue de celui des sous-lieutenants par la soutache du bandeau couleur or.
Par décret du 5 août 1898, le détachement de gendarmerie de la Tunisie est transformé en compagnie autonome. À cette occasion il est créé un emploi de chef d'escadron commandant la compagnie à Tunis.
1899
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Le sénégal
Création par décret du 10 juin 1899 d'un détachement de gendarmerie à pied au Sénégal composé d'un maréchal des logis-chef (commandant le détachement), 1 maréchal des logis, 1 brigadier, douze gendarmes. |
Par arrêté du 31 décembre 1899, le
gouverneur général de l'Indochine promulgue le décret du 24 août 1899
modifiant l'organisation du détachement de gendarmerie de l'Indochine
qui est transformé en compagnie de gendarmerie. La résidence du
commandant de compagnie est fixée à Hanoï. Le 26 août 1899, la
compagnie
est placée sous les ordres d'un
officier supérieur. Son effectif est de 3 officiers et 130 gradés et
gendarmes dont 17 à cheval. Elle est divisée en deux arrondissements :
Le 6 janvier 1902, une brigade de six
hommes était créée à Fort-Bayard, sur le territoire de
Kouang-Tchéou-Wan qui venait d'être cédé à bail à la France.
Le 11 mai 1903, en vue de faciliter les relations du personnel avec la
population indigène, il est créé des auxiliaires indigènes à pied, qui
sont attachés à la gendarmerie locale. Leur effectif, primitivement
fixé à quarante, devait subir de nombreuses variations pour retomber en
1935 à un nombre sensiblement égal.
Le 9 juin 1903, l'arrondissement du Tonkin et de l'Annam se divise en
deux arrondissements : Hanoï et Haïphong.
1900
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la chine
La prévôté de la Chine a été créée en 1900 à la suite du corps expéditionnaire envoyé dans ce pays. Elle a débarqué à Takou le 29 septembre 1900. Elle était composée d'un chef d'escadron, 1 capitaine, 1 lieutenant, 4 maréchaux des logis, 6 brigadiers et 40 gendarmes. Cette unité sera répartie le 2 octobre suivant de la façon suivante :
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Dans ce décret portant règlement sur le service intérieur de la gendarmerie départementale, un chapitre est consacré aux différentes tenues qui sont fixées à 6.
Composition des gouvernements généraux avant leur dissolution.
(1)
l'Afrique française du nord (AFN) (de 1830 au 2 juillet 1962) :
composée de l'Algérie ( initialement colonie puis département
français),
et des protectorats de la Tunisie et du Maroc.
(2) l'Afrique-Équatoriale française (AEF) : composée du Gabon,
du Moyen-Congo, du
Tchad, de l'Oubangui-Chari (République centrafricaine). Capitale :
Brazzaville, (résidence du gouverneur général).
(3) l'Afrique-Occidentale française (AOF) : composée de la
Mauritanie, du Sénégal, du Soudan français (Mali), de la Guinée, de la
Côte d'Ivoire, du Niger, de la Haute-Volta (Burkina Faso) et du Dahomey
(Bénin). Capitale : Saint-Louis (1895-1902), Dakar (1902-1960).
(4)
Établissements français dans l'Inde : Pondichéry, Karikal et Yanaon sur
la côte de Coromandel, Mahé sur la côte de Malabar et Chandernagor au
Bengale.
(5) l'Indochine : constituée des protectorats du Tonkin, de l'Annam, du
Laos, du Cambodge et la colonie de Cochinchine.
(6)
océan indien : le gouvernement de la côte française des Somalis, le
gouvernement général de Madagascar et dépendances, le gouvernement de
l'île de la Réunion ;
Les unités spécialisées |
Gendarmerie coloniale XXe siècle |
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